Pierre de Lune
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Ce conte a été écrit pour remercier et amuser les jeunes auditeurs de "l'heure
du conte", organisée tous les jeudis de l'année 2006, par la
documentaliste du lycée Pasteur de Sao Paulo (Brésil).
Voilà pourquoi ils en sont les héros. Le
personnage du Gollum a été emprunté à Tolkien en hommage et
remerciement pour le plaisir éprouvé en lisant et relisant Bilbo le Hobbit.
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Il était une fois 20 petits Elfes facétieux.
Ils vivaient, là-bas, de
l'autre côté de la lumière. C'étaient de
tout jeunes elfes. Un jour, ils deviendraient des enchanteurs et des
fées. En attendant, ils avaient beaucoup de choses
à apprendre et, comme les jeunes humains, ils allaient à
l'école. Mais bien sûr, ils préféraient, et
de loin, courir dans les près, sauter de fleur en fleur, faire
des glissades sur les branches des sapins ou, en hiver, chevaucher les
boules de neige, plutôt que rester sagement assis autour de la
fée Belladone qui leur enseignait le B A ba des enchantements.
Savez-vous ce que sont les elfes ? Pas très bien, naturellement. Il y a bien longtemps que les hommes ne les voient plus, seulement, parfois, au lever du soleil, lorsque ses rayons rasent doucement la terre, si l'on est très attentif, on peut entrevoir des éclairs, des éclats, des éclaboussures de lumière dans l'herbe et sur les fleurs : ce sont les ailes des elfes que le soleil fait scintiller. Les Elfes sont minuscules et aiment particulièrement dormir dans les calices des fleurs parce que c'est doux, et parfumé juste ce qu'il faut pour donner de jolis rêves. Les elfes ressemblent beaucoup aux humains, en plus petit. Ils possèdent de jolis yeux aux multiples couleurs, des cheveux plus délicats que des fils de soie, de minuscules narines frémissantes, des oreilles juste à peine un peu plus pointues que les nôtres, de petites bouches bavardes, deux bras, deux jambes et tout le reste, mais, en plus, ils ont des ailes. Certains de ces jeunes elfes portaient des ailes vertes, d'autres des ailes bleues. C'est très joli des ailes d'elfes, cela ressemble à des ailes de libellules, transparentes et irisées. Les ailes vertes étaient les futurs enchanteurs, les ailes bleues les futures fées. Une certaine rivalité existait entre ces deux groupes. Mais dans l'ensemble, tout allait bien. Or, un jour... Un jour que la fée Belladone les rassemblait autour du grand sapin de la prairie, un grand cri les fit sursauter. Etonnés, ils se tournèrent tous ensemble vers Belladone. La fée, si calme d'ordinaire, semblait bouleversée, elle regardait autour d'elle avec inquiétude, se baissant, se relevant, examinant ses mains, et répétant d'une voix qui tremblait un peu : " la bague ? Où est la bague ? " Il faut vous dire que les fées ont toujours une baguette magique, mais ça vous le savez; ce que vous ne savez pas, c'est qu'elles portent aussi une bague, une pierre de lune, une opale comme disent les humains. Pourquoi ? Mais parce qu'elle leur permet de tout savoir, à tout instant. Ainsi Belladone, avec la pierre de lune, pouvait s'assurer que ses vingt petits elfes étaient tous là et qu'il ne leur arrivait rien lorqu'ils s'éparpillaient dans les champs pour jouer, et aussi faire des bêtises, naturellement. En quelques secondes, ce fut un beau charivari. Nos vingt petits elfes s'agitaient dans tous les sens, renversaient tous les champignons qui leur servaient de tabourets, grimpaient sur le grand sapin qui se demandait bien ce qui les prenait parce que, voyez-vous, qu'est-ce qu'un sapin ferait d'une bague ? Les plus actifs s'élançaient déjà dans la prairie, courant partout, qui dans le terrier du lapin, un peu ahuri de ce déferlement, qui dans les nids des pies, voleuses comme tout le monde le sait, qui pour interroger un rossignol qui passait là, qui pour fouiller dans le nid des poules, dérangées en pleine couvaison et qui se mettaient à caqueter avec furie ; d'autres grimpant dans les cachettes des écureuils car on ne sait jamais si un écureuil n'est pas capable de confondre une opale et une noisette. D'autres encore se précipitant vers la rivière qui paressait en contre bas de la prairie, car après tout, les canards et même les poissons peuvent avoir de curieuses idées. De petites ailes bleues voletaient autour de Belladone bien ennuyée par cette disparition. Et ça parlait, et ça parlait... Mais, dans un coin, près de l'aubépine, quelques paires d'ailes bleues et vertes se réjouissaient discrètement, c'était le groupe des cancres (ça existe même chez les elfes) : quelle chance! Belladone ne pourrait plus les surveiller. On allait enfin pouvoir s'aventurer chez les humains, ce qui leur était encore strictement interdit parce qu'ils étaient trop petits, sans compter toutes les farces que Belladone ne pourrait plus voir, et donc empêcher : faire des noeuds aux toiles d'araignées, se promener sur le dos des oiseaux au lieu de venir apprendre les enchantements sous le grand sapin, jeter des cailloux dans l'eau pour faire peur aux poissons, et tant d'autres choses pour lesquelles on se faisait punir et il fallait aller nettoyer tous les boutons d'or de la prairie, un par un, tâche interminable et fort ennuyeuse. Finalement, après avoir couru dans tous les sens, et n'avoir rien trouvé, ils revinrent autour de Belladone. On remit les champignons en place et la classe se déroula à peu près comme d'habitude : savoir comment transformer un crapaud en prince charmant, faire pousser de l'herbe là où il n'y a que du sable, et autres enchantements de base, peu compliqués à réaliser mais qu'il faut apprendre. A la fin, quand Belladone les laissa jouer, ils n'en firent rien et décidèrent de tenir une assemblée au bout de la prairie. Toutes les petites ailes bleues : Agathe, Alienor, Audrey, Celia, Clarissa, Ethel, Françoise, Lena, Luisa proposaient en choeur d'aller demander de l'aide à Merlin et Viviane. Merlin et Viviane sont les les plus anciens et les puissants des enchanteurs et des fées ; et si vous voulez tout savoir, Viviane est aussi la plus belle des fées. Mais les petites ailes vertes : Allan, Benjamin, Danilo, Timoti, Gaëtan, Gianlucca, Hugo, Jamal, José, Max, Nathan n'étaient pas d'accord. A vrai dire, il manquait Danilo qui traînait encore auprès du grand sapin. Et Alienor était en grande conversation avec une coccinelle. Mais enfin, cela faisait deux camps. En fait, cela en faisait trois, parce que comme je vous l'ai dit, certains se réjouissaient secrètement de cette disparition. Mais après avoir beaucoup discuté (Danilo était arrivé et la coccinelle avait poliment dit bonsoir à Alienor), ils prirent la décision de mener une enquête. Puisque ce n'était pas eux qui avaient pris la bague, puisqu'elle n'était pas dans la prairie, il fallait que quelqu'un l'ait volée. Et quelqu'un qui n'était pas de la prairie puisque tout avait été fouillé. Et alors, à la surprise générale, la première information vint d'Aliénor. Surprise, parce qu'Aliénor était la plus timide des petites ailes bleues : "Savez- vous ce que m'a dit la coccinelle ? Tout le monde cria non , bien sûr, et ce fut un beau tumulte. Mais Nathan fit bruisser ses ailes avec tant d'énergie que tout le monde le regarda et le calme revint. - Et qu'est-ce qu'elle t'a dit ? - Elle m'a dit qu'hier soir, elle a vu dans la prairie le... le... Alienor en balbutiait d'inquiétude. - Mais alors qu'est-ce qu'elle a vu ? S'impatienta Gaetan. - Elle a vu le... Gollum." Toutes les petites ailes frémirent, les bleues et les vertes. Il faut vous dire que le Gollum, c'est un méchant. D'habitude, il vit bien profondément caché dans une caverne, auprès d'un lac souterrain et il est formellement interdit aux elfes de s'approcher de la caverne, parce que le Gollum mange tout ce qu'il attrape. - Mais qu'est-ce qu'on va faire ? gémirent nombre de petites ailes vertes et bleues en battant à toute allure, signe d'inquiétude extrême. - On pourrait le dire à Belladone, suggéra Luisa, approuvée par plusieurs. - Jamais de la vie, crièrent ensemble Agathe, Ethel, Timoti et Gianlucca. On va y aller. - Chouette ! dit Jamal, qui n'aime rien tant que les voyages, et ça quand même c'en était un, parce que la caverne était dans la montagne, et la montagne de l'autre côté de la rivière et il fallait bien une heure de vol pour y parvenir. - Mais il va nous croquer, dirent les autres. - Et puis c'est tout noir la caverne, dit Audrey, comment s'y retrouvera-t-on ? - J'ai une idée, dit Agathe. - Laquelle ? Laquelle ? Et là, on ne sait plus qui parle, tant ça fait du bruit. - Eh bien voilà, on n'a qu'à demander l'aide des lucioles. - Brillant, affirme Benjamin qui, aussitôt, part en voletant dans la prairie pour appeler les lucioles. Et elles arrivent, petites lumières vertes, scintillantes, qui viennent faire cercle autour des elfes. - c'est quoi ? c'est quoi ? crient-elles toutes à la fois. Alors, les elfes leur expliquèrent que le Gollum avait sans doute volé la pierre de lune de Belladone. C'est bien connu, Il aime tout ce qui brille, comme les pies. Et en plus, la coccinelle l'a vue. Et maintenant, il s'agit de descendre dans la caverne et de lui reprendre la bague. Les lucioles trouvent l'idée très amusante. Elles n'ont pas peur du Gollum, elles volent trop vite et elles s'éteignent comme elles veulent, alors il ne risque pas de les attraper. Quant aux elfes, tout le monde est d'accord, il faudra être très prudent. Surtout que la lumière fait chatoyer leurs ailes, ce qui les rend visibles. - Puisque c'est décidé, qu'est-ce qu'on attend ?" demanda José, ce qui stupéfia tout le monde, parce qu'en général, José ne parlait guère. Et les voilà partis. Les lucioles devant, qui virevoltaient dans l'air du soir. Et c'était vraiment très joli, ces petites lumières vertes qui dansaient dans la prairie. Et les humains, qui ne comprennent jamais rien à rien, disaient : « c'est l'été! ». Sur leur chemin, ils croisèrent trois jolies fées. Des grandes, pas encore avec leur diplôme, mais elles n'étaient déjà plus des elfes. Elles marchaient avec légèreté, effleurant à peine l'herbe. Quelques Elfes chuchotèrent : "C'est qui ? C'est qui ?" Et une luciole expliqua que c'était Julie, Joana et Luana qui allaient rejoindre les autres fées pour la danse dans les prairies, parce que cette nuit il y aurait pleine lune. Et sans leur laisser le temps de s'attarder, elle les pressa de rejoindre les autres. Les petites ailes bleues regardaient les grandes avec envie. Comme elles aimeraient, elles aussi, aller danser dans les prairies. Puis, prft... elles repartirent, ce n'était pas le moment de penser aux danses. En queue de cortège, Lena demandait à Hugo si c'était bien prudent de partir chez le Gollum sans même prévenir Belladone et Max , toujours gentil, les rassurait en leur affirmant que ce serait une affaire vite réglée, parce que quand même, des elfes, même petits, c'est plus malins qu'un Gollum, même méchant. Le chemin vers la caverne était long, mais sans grandes difficultés. Ils étaient juste un peu fatigués en arrivant à l'entrée de la caverne et ils se posèrent dans l'herbe pour reprendre leur souffle. Allan qui avait les plus grandes ailes, les avait même un peu froissées en passant à travers des ronces. Et Celia s'était attardée à boire dans le calice d'une fleur une eau sucrée et délicieuse qui empoissait encore ses petites lèvres que Clarissa regarda avec sévérité. Mais Celia lui tira la langue. Ça faillit faire une bagarre. Heureusement, Françoise était là, qui leur rappela qu'elles étaient en mission et que ça suffisait, non, mais... "Bon, j'y vais, clama Gianlucca. - Non, non, on y va tous, crièrent 19 petites voix déterminées. - Alors silence !" dirent, à leur tour, les lucioles, qui étaient un peu plus vieilles et donc un peu plus sages que les elfes. Et les lucioles prirent la tête du cortège. On s'enfonça dans l'obscurité. Nos petits héros n'étaient quand même pas rassurés. Plus d'un pensait en son for intérieur qu'il aurait peut-être mieux valu prévenir Belladone, mais c'était un peu tard. Et quand même c'était une aventure. Et ce serait bien de la raconter après. Et Belladone serait bien contente de retrouver sa bague et elle les embrasseraient tous, et les elfes aiment beaucoup les baisers. Alors courage ! La caverne était noire, noire... la pierre où se heurtaient parfois les petites ailes, bien dure. Et ça descendait, ce tunnel, ça descendait... On avait l'impression de s'enfoncer au centre de la terre. Parfois, ils croisaient même une chauve-souris, et pour un elfe une chauve-souris c'est plus gros qu'un 747, presque un bombardier, il fallait vite se dégager pour éviter d'être écrasé. Et alors là, bum sur la voûte du tunnel, bum sur une paroi. Il y en eut même un qui s'aplatit sur le sol, et patatrac... mais enfin, il se releva, un peu étourdi et repartit à vive allure vers les lumières vertes, bien loin devant. Et tout d'un coup, il y eut des lumières vertes en haut et en bas. Ce fut une sacré bousculade. Parce que les premiers s'étaient arrêtés et les autres en plein vol venaient les heurter. Cela fit beaucoup de bruit. Des lumières. Du bruit. Soudain, on entendit une voix gutturale, très désagréable : "Ouh, la, la, on a de la visite mon trésor. On va bien dîner ce soir, mon trésor." Tous les elfes reculèrent en catastrophe. Les lucioles grimpèrent à toute allure vers le plafond de la grotte. Et pendant qu'elles montaient, il y eut soudain un reflet sur le sol. Quelque chose luisait doucement dans l'ombre, un doux reflet lactescent qui rappelait un clair de lune. "La bague, la bague, chuchotèrent vingt petites voix. - c'est vraiment lui qui l'a volée. Quel culot! dit quelqu'un. - Mais comment va-t-on lui reprendre ? Regardez, il marche en rond tout autour. Les lucioles étaient un peu descendues et les lumières vertes se reflétaient dans l'eau, ça faisait une lumière de fond de mer, mais on voyait assez bien les eaux noires du lac, la peau blafarde du Gollum et la bague aux reflets opalescents. - Qu'est-ce qu'il est vilain ! dit Clarissa (et c'était bien vrai) - Le pauvre, ce n'est pas sa faute, la réprimanda Françoise. - Bon, ça suffit. C'est sûr qu'il est affreux, brrr... mais qu'est-ce qu'on fait ? s'impatienta Gaetan. - Il n'y a qu'à téléporter la bague. Belladone nous a déjà fait faire cet exercice. - On essaie. Tous les elfes se prirent par la main et commencèrent à se concentrer sur la bague : tous les regards, toutes les volontés, et la bague bougea, doucement, en glissant sur le sol. - ça marche, ça marche.... Mais patatrac, la blancheur luisante disparut. Le gros pied du Gollum s'était posé dessus. - Mais qu'est-ce que c'est ça, mon trésor ? Ça bouge. Et toutes ces odeurs bizarres! Ça sent la fée... moum... ça sent l'enchanteur aussi. Oh, mais je n'aime pas ça du tout, mon trésor. Et hop, il se baissa et prit la bague dans sa vilaine main griffue. C'était une nouvelle difficulté. Que faire ? Comment lui faire lâcher prise ? Nos pauvres héros n'étaient pas encore assez habiles pour faire disparaître la bague de sa main. Belladone aurait pu le faire, mais eux, ils ne l'apprendraient que plus tard. - Je sais, dit Benjamin. Il faut le distraire. - Et comment ? Si on s'approche, il va nous attraper et nous croquer. - Nous, oui, mais pas les lucioles." Et il s'élança comme une flèche pour rejoindre les lucioles qui continuaient à virevolter très loin au-dessus du Gollum. Quand il revint, vingt petites paires d'yeux virent les lucioles qui descendaient en piqué et en formation. Une véritable escadrille de chasse. Vroum, toutes les lucioles filèrent sous le nez du Gollum et remontèrent vers le plafond de la caverne. Puis elles redescendirent. Vroum. Et remontèrent. Et redescendirent. Et remontèrent. C'était à donner le tournis, ces fusées de lumières vertes qui montaient et descendaient, par la droite, par la gauche, devant, derrière. Et le Gollum tournait sur lui-même, jetant ses grands bras de ci, de là, essayant d'attraper les lumières insaisissables. Se frottant les yeux quand elles passaient trop près et qu'elles l'éblouissaient. Et il ne faut pas beaucoup de lumière pour éblouir le Gollum. A force de se tourner et retourner dans tous les sens, vlan! il se retrouva le derrière dans l'eau. Furieux et glapissant. Mais, il n'avait toujours pas lâché la bague. "Il faut le bombarder, ordonna quelqu'un, pendant que Timoti s'égosillait et le traitait de voleur. - Voleur ? Mon trésor. Mais qui me traite de voleur ? Le Gollum s'énervait de plus en plus, mais il ne lâchait toujours pas la bague. Les elfes, alors, ramassèrent de petits cailloux, bien pointus, sur le sol du tunnel. - A mon commandement, hurla Ginalucca, et les vingt courageux héros volèrent vers l'ennemi. Ils s'arrêtèrent quand même assez loin des longs bras aux mains griffues. Et jetèrent tous ensemble les cailloux sur la main qui tenait la bague. - Aïe, aïe, aïe.. pleurnicha le Gollum en ouvrant les mains pour les frotter l'une contre l'autre, et plouf, la bague tomba dans l'eau. - Maintenant !" De nouveau, le cercle se forma et la bague surgit de l'eau et se transporta au pied des elfes qui avaient reculé vers l'entrée du tunnel. Vite, José la ramassa. Les lucioles continuaient leurs piqués sans s'arrêter et le Gollum hurlait de rage en faisant de grands splatch dans l'eau. Vingt petites voix crièrent : "Piscapisca!" (C'était le nom du chef des Lucioles). Les lucioles firent un dernier piqué, puis se dirigèrent à toute à l'allure vers le tunnel où elles s'engouffrèrent pour guider les elfes vers la sortie. Il ne s'agissait pas de flaner. En volant de toute la vitesse de leurs petites ailes, vingt petits éclairs bleus et verts partirent à leur suite. Et déjà, le Gollum sortait en pataugeant du lac et, en maugréant, se dirigeait lui aussi vers l'entrée du tunnel. Il n'était pas aussi rapide que les elfes, mais il avait de grandes jambes, lui. "ah! mais c'est qu'ils m'ont pris ma bague, mon trésor, tu vas voir ce que tu vas voir." Danilo qui était à l'arrière garde cria : "Le voilà. Et il marche vite, il va nous rattraper." Heureusement, juste à ce moment-là, une pipistrelle déployait ses ailes. Elle sentit le courant d'air que faisaient les petites ailes, et le parfum de fleurs que les elfes transportent toujours avec eux à force de se rouler dedans. Les pipistrelles sont de petites chauve-souris très gentilles, et celle-ci aimait particulièrement les elfes parce qu'elle allait souvent chasser des insectes dans la prairie où elle les entendait rire et jouer. Et elle connaissait bien Belladone, depuis très longtemps. "Mais que font-ils ici ? se demanda-t-elle et elle entendit les gros pas du Gollum qui se hâtait. Alors elle comprit qu'il les poursuivait. - Pstt, Pstt.. Montez vite sur mon dos." Ils ne se le firent pas dire deux fois et tout essouflés s'écroulèrent les uns sur les autres sur le dos amical de la pipistrelle qui était doux comme du velours. José n'avait pas lâché la bague. Les lucioles étaient déjà loin mais la pipistrelle, qui s'appelait Bilou, n'avait pas besoin de lumière, son radar fonctionnait à merveille. En un clin d'oeil, ils furent dehors où les attendaient les lucioles un peu essoufflées, elles aussi, mais qui riaient comme des folles en se racontant, déjà, les contorsions du Gollum. Les Lucioles sont presque aussi facétieuses que les Elfes. Mais il n'y avait pas de quoi rire, parce qu'ils étaient quand même poursuivis et qu'il ne faudrait pas longtemps à l'horrible Gollum pour sortir de la caverne. Bilou le sentit avant que les lucioles et les elfes ne le voient surgir, menaçant à l'entrée de la caverne. "Mais c'est que je vais les croquer un par un, ces sales petits elfes." Il avait enfin compris ce qui lui était arrivé. Mais il ne fit pas un pas de plus, et même, il recula en se protégeant les yeux. - La lune !" dirent en même temps Lena et Hugo. Et oui, c'était la lune. Magnifique et laiteuse, elle montait dans le ciel et ses rayons éclairaient l'entrée de la caverne. Et le Gollum ne supporte pas la lumière. A force de vivre dans sa caverne, n'est-ce pas, la moindre lumière blesse ses yeux. Bilou reprit son vol sans attendre, entourée de toutes les lucioles cabriolant dans les rayons de lune. Au loin, ils aperçurent la ronde des fées, mais il ne fallait pas s'approcher pour ne pas les déranger, sinon les plantes ne pousseraient pas bien. La suite, vous l'imaginez sans peine. Belladone les gronda bien un peu de leur imprudence, mais dans le fond, elle pensait que ses petits avaient fait preuve d'initiative, de courage, de détermination et que ces qualités sont à encourager chez de futures fées et de futurs enchanteurs. Elle prit quand même la peine d'installer un charme puissant à l'ouverture de la caverne pour empêcher le Gollum de s'aventurer à l'extérieur et elle distribua force baisers avant d'envoyer tout son petit monde dormir, chacun dans sa fleur préférée. Et elle, elle resta sous le grand sapin à bavarder avec la pipistrelle qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps. Elles avaient tant de nouvelles à échanger qu'une nuit ne pouvait y suffire, mais nul ne sut jamais ce qu'elles se racontèrent, sauf le grand sapin qui n'en dit jamais mot à personne. |
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