Fiche sur le texte de
Montaigne
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AUTEUR |
Michel de Montaigne
(1533 - 1592) : gentilhomme bordelais, il fait d'excellentes
études humanistes (et apprend le latin avant le
français), des études de droit et devient
conseiller au Parlement de Bordeaux en 1557.
Il mène une vie publique qui le conduit à participer aux grands événements du temps, sera maire de Bordeaux (1581-1585), proche d'Henri III, mais aussi d'Henri de Navarre qui deviendra Henri IV. Montaigne est un grand lecteur et ses écrits commencent par être des annotations en marge de ses lectures. C'est sans doute vers 1572 qu'il envisage de rédiger ces annotations pour en faire un livre, en français. Comme Léry, Montaigne vit dans le fracas et les atrocités des guerres de Religion. |
OEUVRE / TITRE |
Les Essais : livre
I et II, 1580 ; livre III (plus des ajouts aux deux premiers) , 1588.
Après sa mort, son héritière, Marie de
Gournay et son ami Pierre de Brach, poète, publient, en
1595, une nouvelle
édition en y intégrant les additions manuscrites
laissées par Montaigne.
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SITUATION DU PASSAGE |
Le passage est la
conclusion du chapitre 31 "Des cannibales", du livre I, et elle invite
à se demander qui sont vraiment les "cannibales",
c'est-à-dire les sauvages.
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SUJET |
la rencontre avec
trois Indiens tupinambas, à Rouen, en 1562.
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INTERETS du passage |
texte narratif (mise
en scène d'une anecdote), texte argumentatif
(thèse : les
Indiens sont supérieurs aux Européens), texte
moraliste (qui sont les sauvages ?)
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VOCABULAIRE |
le vocabulaire du XVIe
siècle a
été expliqué en classe et
doit se trouver noté sur la photocopie du texte.
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REFERENCES / INTERTEXTUALITE |
Rouen : ville dont
la richesse est fondée sur le textile d'où les
relations avec le Brésil pour la teinture que fournit le
"pau brasil". C'est le premier port d'importation du bois
"brésil".
Anacréontique : adj. qualifiant ce qui vient de, ou ce qui ressemble, aux textes d'Anacréon = poète grec du VIe siècle av. JC. 80 poèmes venaient d'être publiés par Henri Etienne en 1554 (les spécialistes pensent qu'il s'agit d'ailleurs plutôt de continuateurs). Il chantait l'amour et le vin en vers gracieux, disent les spécialistes |
STRUCTURE LOGIQUE |
- un
préambule
- l'anecdote : la rencontre - l'entretien personnel - conclusion ironique |
EFFET(S) produits |
conviction, la
thèse implicite de Montaigne est
démontrée : les Indiens ont beaucoup à
nous apprendre.
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CARACTERISTIQUES PARTICULIERES |
- refus de voir de la
barbarie chez les Indiens annoncé par l'étude du poème
et prouvé par les 3 remarques : sur l'absurdité
de faire commander des hommes par un enfant (le roi a 12 ans),
l'injustice, et preuve a-contrario, le "pouvoir"
limité d'un chef indien.
- arguments : 1. ils sont proches des Anciens (Anacréon, langue grecque) 2. ils ne se
laissent pas prendre aux apparence
3. Ils n'ont aucune soif de pouvoir - ironie finale :
conduit le lecteur à se demander qui est raisonnable : nous ou les "sauvages".
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CONCLUSION |
Avec Montaigne, le
retournement est accompli, ce ne sont plus les Européens qui
regardent et jugent les "sauvages" mais les "sauvages" qui
regardent et jugent les Européens. Les philosophes du XVIIIe
siècle s'en souviendront de Montesqieu à Diderot
en passant par Rousseau.
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QUESTIONS POSSIBLES |
- Quelles valeurs Montaigne défend-il dans ce texte ?
- Diriez-vous que ce texte est convaincant ? - Comment ce texte participe-t-il à la constuction du "mythe du bon sauvage" ? |