L'Ile
au trésor, Robert-Louis
Stevenson, 1883
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L'ïle au trésor deviendra — s'il ne l'est déjà — et demeurera un classique dans son genre, grâce à cet indescriptible mélange de prodiges et d'humanité, de coïncidences surprenantes et de sentiments familiers. Henry James, avril 1888, extrait d'un article paru dans Country Magazine. |
Les origines du romanStevenson, le 25 août 1881, raconte à son ami W.E. Henley (poète, critique littéraire, dramaturge — 1849-1903) qu'il écrit un roman destiné à la jeunesse qui s'intitulera Le Cuisinier du bord ou L'Île au trésor et dont il espère tirer un bon prix. Il est alors en vacances dans un cottage de Braemar, en Ecosse, et il pleut...
Quelques années plus tard, en 1894, dans un texte intitulé "Mon premier livre" (bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'un premier livre, l'auteur ayant déjà beaucoup écrit et publié) Stevenson racontera ainsi la genèse de ce roman qui le rendit célèbre. Durant les après-midi pluvieuses, il s'amuse, avec son beau-fils Lloyd, à "faire [...] des dessins coloriés" :
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Carte remplaçant celle qu'avait
dessinée Stevenson, égarée par l'éditeur ; l'auteur la refit en
partant de son récit si bien qu'elle devient le point d'aboutissement
du roman et non plus son point de départ.
"L'île
devait faire environ neuf milles de long et cinq milles de large ; elle
avait à peu près la forme d'un gros dragon dressé sur les pattes
arrière ..." (I, 6)
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La publicationLe roman est d'abord publié en feuilleton dans une revue pour la jeunesse, Young Folks, du 1eroctobre 1881 au 28 janvier 1882, sous pseudonyme (Captain George North) avec un succès très relatif. La publication en volume, en 1883, diffère assez considérablement de la première version du roman. Stevenson, en particulier, a remanié ses dialogues ; a peaufiné le langage de Long John Silver capable de s'exprimer avec raffinement autant qu'avec brutalité selon ses interlocuteurs ; a donné à son jeune narrateur, Jim Hawkins, un caractère un peu plus complexe que dans la version du feuilleton.La structure du texteLe roman s'ouvre sur deux dédicaces, la première "A l'acheteur hésitant" met le récit sous le signe des "romances d'antan", c'est-à-dire de l'imagination, de la fantaisie, du romanesque par opposition au réalisme en vigueur au moment où Stevenson écrit ; la seconde à son beau-fils, Lloyd, le jeune garçon avec lequel il dessina l'île et avec lequel, plus tard, il écrira divers récits.Le roman est divisé en six parties entre lesquelles sont répartis les 34 chapitres qui le composent. Parties et chapitres portent tous des titres et hormis pour une part de la quatrième partie, "Le Fortin" (chapitres 16,17 et 18), qui a pour narrateur le docteur Livesey, le récit est raconté par Jim Hawkins, longtemps après l'aventure, à la demande de ceux avec qui il était parti sur l'Hispaniola ("Hawkins sera du voyage comme mousse." I, 6) : "le seigneur Trelawney, le docteur Livesey et les "autres messieurs". La structure interne est très proche de celle du conte avec une brève situation initiale dans laquelle deux éléments perturbateurs vont intervenir: l'arrivée à l'auberge des parents du narrateur d'un "vieux marin basané, au visage entaillé d'une balafre" qui inquiète autant qu'il a l'air inquiet, puis celle d'un aveugle lui aussi fort inquiétant. L'aventure pour Jim commence alors vraiment, après la découverte de la carte du trésor, par un déplacement à Bristol pour s'embarquer sur l'Hispaniola frêtée par le seigneur Trelawney. Chez Stevenson, il n'est pas de véritable aventure sans que la mer y joue un rôle de choix. Les péripéties s'enchaînent ensuite à un rythme rapide et l'élément rééquilibrant, la présence de Ben Gunn dans l'île, permet une rapide résolution de l'aventure. Le récit est, dans ses épisodes mouvementés, un apprentissage pour le jeune Jim Hawkins qui le fait passer du stade de l'enfance (séparation d'avec les parents, abandon d'un lieu familier et clos) à celui de jeune adulte, non sans mal par ailleurs, non sans deuils aussi. |
Couverture du livre de poche représentant Long John Silver |