29 octobre 1882 :
Jean Giraudoux
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Portrait de Jean Giraudoux, 1926, Edouard Vuillard (1868-1940), Musée d'Orsay, Paris |
Une jeunesse provinciale
Hippolyte Jean Giraudoux, qui se délestera de son premier prénom,
est
né à Bellac (entre Poitiers et Limoges), en Haute Vienne, le 29 octobre
1882. La petite ville se
situe à une quarantaine de kilomètres au nord de Limoges. Son père est
employé au service des Ponts et Chaussées. Jean a un frère aîné,
Alexandre, né en 1880. En 1883, la famille s'installe à Bessines où le
père a été nommé, c'est un village plus qu'une ville, autour de 500
habitants, non loin de Niort. La petite enfance de Jean s'y
déroule. Sept ans plus tard, en 1890, le père passe dans
l'administration des Finances ; il est nommé percepteur à Pellevoisin
(29 kms au
nord de Châteauroux), petite bourgade d'un millier d'habitants alors.
Un an plus tard, Giraudoux entre, comme élève-boursier, au lycée de
Châteauroux où il fera
toutes ses études secondaires (1893-1898). Interne, il se console par
le travail et la lecture. Il étudie le grec, le latin, et l'allemand.
Comme souvent, dans les
familles de la petite bourgeoisie du temps, les bons élèves (et
Giraudoux en est un) sont orientés vers l'Ecole normale. Aussi, après
avoir obtenu son baccalauréat (1900), "monte"-t-il à Paris pour y
préparer
le
concours
d'entrée qu'il réussit. |
Devenir écrivain
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Giraudoux et Jouvet vers
1928-1930
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Le dramaturgeLe théâtre fait naturellement partie de l'horizon culturel de Giraudoux comme de celui de ses contemporains. Aux temps de l'école, il a joué, il a écrit, mais avant Siegfried..., il semblait avoir oublié cette dimension. L'envie de faire jouer Siegfried..., nous l'avons vu, est immédiate, mais la rédaction s'étire et lorsqu'au bout du travail, il regarde son manuscrit, il se dit qu'il lui faut l'avis d'un professionnel de la scène. Un de ses amis lui fait alors rencontrer Jouvet. Les deux hommes se plurent et l'écrivain se plia docilement aux exigences du metteur en scène. Et il eut raison.Giraudoux dira plus tard à Jouvet "Si vous ne m'aviez pas pris ma première pièce, je l'aurais fait jouer ailleurs, et puis je n'aurais plus fait de théâtre" (cité par Gilles Costaz, Magazine littéraire, décembre 1997). Leur association va durer toute la vie de Giraudoux et à partir de 1927, l'écrivain accorde plus au théâtre qu'aux autres domaines, le roman ou l'essai. Jouvet montera toutes les pièces de Giraudoux, sauf deux, Sodome et Gomorrhe (1943) mais il est vrai que Jouvet et sa troupe sont alors en tournée en Amérique latine, et Pour Lucrèce, pièce restée inédite, mise en scène en 1953 par la Compagnie Renaud-Barrault, Jouvet étant mort en 1951. L'association Jouvet-Giraudoux conduit toutes les pièces au succès. Les plus notables ont été Siegfried (3 mai 1928 à La Comédie des Champs-Elysées), Amphytrion 38 (8 novembre 1929), Intermezzo (1er mars 1933, musique de Francis Poulenc), La Guerre de Troie n'aura pas lieu (22 novembre 1935 au théâtre de l'Athénée dont Jouvet est devenu le directeur en 1934), Electre (13 mai 1937) puis Ondine (4 mai 1939). En 1945, après la mort de Giraudoux, de retour de sa tournée latino-américaine, il monte encore La Folle de Chaillot (2 décembre 1945, à l'Athénée). Ces années consacrées au théâtre (en tout, Giraudoux a écrit 15 pièces) sont aussi des années où Giraudoux voyage beaucoup pour son métier puisqu'il a été nommé inspecteur des postes diplomatiques en 1934, mais il fait aussi un certain nombre de conférences qui impliquent d'autres déplacements. Il y abordait des sujets bien divers, de la littérature, bien sûr, La Fontaine ou Racine, au sport (qu'il pratiquait lui-même, course à pied dans ses années étudiantes, ou tennis), en passant par l'urbanisme et la politique. Dans ce dernier domaine, ses prises de position étaient souvent pour le moins discutables. |
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En 1932, il a publié La France
sentimentale, puis en 1934, Combat avec l'ange. En 1936, il a
refusé l'administration de la Comédie française. En 1939, il a été nommé commissaire général à l'information, il sera écarté en 1940, mais n'en continue pas moins de collaborer avec le gouvernement de Pétain quoique son fils ait rejoint Londres. Il est mis à la retraite en 1941. Sa santé, qui n'était pas florissante, s'altère encore. Il va mourir le 31 janvier 1944. Il reste une oeuvre qui vaut mieux que son auteur, ou plus exactement dont tous les défauts que l'on pourrait reprocher à son auteur, une certaine légèreté, une désinvolture et un égoïsme prononcé, y deviennent des qualités. Son oeuvre, tout en arabesques élégantes, légères, souriantes mais d'un humour dénonciateur, célèbre le bonheur d'être humain sur une terre à notre mesure. Philippe Soupault le jugeait "l'homme le plus poli, le plus aimable, au sens mondain du terme, que j'aie connu, mais aussi le plus distant, le plus mystérieux, le plus énigmatique." (Mémoires de l'oubli, 1981) Laissons le dernier mot à Chris Marker qui a écrit un très bel éloge de Giraudoux dans la collection des Ecrivains de toujours, Seuil, 1952 :
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A écouter : Giraudoux poète, les diverses interprétations de la "Chanson de Tessa", écrite pour la pièce de 1935, Tessa. Musique de Maurice Jaubert. |