1er juillet 1804 :
George Sand
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A propos de Sand, ce site contient : 1. un article sur la formation de l'écrivain - 2. une présentation de Lélia (1833) - 3. Un extrait de Lélia - 4. Une présentation de François le Champi (1847/1850) - 5. Une présentation de La Petite Fadette (1848) - 6. Mauprat (1837) |
George Sand, Pastel de Candide Blaize [1795-1855], 1830 (Musée de la Vie Romantique, Paris) Un passeport de 1835, indique : 1,56 m, cheveux bruns, front haut, sourcils bruns, yeux bruns, nez bien, visage ovale, teint clair. |
L'écrivain, que nous connaissons sous le nom de George Sand, est né à Paris, mais cet écrivain commence par être une petite fille qui ouvre les yeux sous le nom d'Amandine Aurore Lucile Dupin, fille d'un jeune militaire de 26 ans, Maurice (qui a abandonné une partie de son nom "Dupin de Francueil") et de celle qu'il a épousée peu de temps avant la naissance de l'enfant, Sophie-Victoire Delaborde. En 1808, son père meurt en tombant de cheval. Sa mère qui avait déjà une petite fille et n'a jamais eu l'heur de plaire à sa belle-mère se voit retirer sa garde, obtenue par la grand-mère paternelle qui la conduit chez elle, à Nohant. Aurore y grandira entre son précepteur, Deschartres, et son demi-frère, (fils naturel de Maurice) Pierre Laverdure dit Hyppolite Chatiron, de cinq ans son aîné. Il s'engage dans l'armée quand Aurore a 12 ans, en 1816. Quand sa grand-mère meurt, en 1821, à peine Aurore sortie du couvent où elle a passé deux ans (1818-1820), la jeune fille retombe sous la tutelle maternelle qu'elle supporte avec une certaine impatience. Le meilleur moyen de lui échapper est encore de se marier, ce qu'elle fait, en septembre 1822, avec un jeune saint-cyrien de 24 ans, François-Casimir Dudevant. Le couple aura deux enfants : Maurice, né en 1823, Solange née en 1828. Une vie plutôt morne pour la jeune femme s'étend devant elle, malgré divers voyages, et les séjours à Paris. La vie de couple n'est pas exactement ce qu'elle en espérait, et son mari sans doute pas celui qu'il aurait fallu à cette jeune femme décidée et qui écrit déjà beaucoup si elle ne publie encore rien. Puis, en 1830, elle rencontre Jules Sandeau. Il est jeune (19 ans), il étudie le droit à Paris, il doit déborder des récits des Trois Glorieuses (journées de juillet 1830 qui déposent Charles X), il a des ambitions littéraires aussi ; Aurore se réveille enfin et prend sa décision. Elle négocie, à son détriment puisqu'elle lui abandonne ses propriétés, une séparation de fait avec son mari, prend Solange et va s'installer à Paris. |
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ParisUne fois là, il faut travailler. Le groupe des "Berrichons" (originaires du Berry, où se trouve Nohant) peut compter sur Henri de Latouche, journaliste, si bien introduit dans les milieux de la presse qu'il deviendra directeur du Figaro en 1832. Grâce à lui, Aurore et Jules Sandeau peuvent publier des oeuvres écrites à quatre mains sous la signature de Jules Sand. Mais Aurore a d'autres ambitions et en 1832 paraît Indiana dont l'auteur est Georges Sand (Sandeau a accepté de lui laisser leur pseudonyme commun, et Aurore trouvait que "Georges" était assez berrichon comme prénom). Très vite, elle en ôtera d'ailleurs le "s" final pour lui donner une apparence plus personnelle.L'écrivain George Sand vient de naître en suscitant de forts débats autour d'une oeuvre qui fait scandale. Le pseudonyme masculin ne cache pas longtemps la vérité et très vite elle devient Mme Sand. Un an après, en 1833, Sand rencontre Musset. Leurs amours tumultueuses défrayent encore la chronique, mais Sand n'en continue pas moins à écrire et à publier, et du voyage en Italie avec le poète, comptent sans doute plus pour nous aujourd'hui, les Lettres d'un voyageur que les querelles, réconciliations, tromperies des deux amants. En 1835, rompant définitivement avec Musset, Sand retourne à Nohant travailler. Cette année-là, elle fait la connaissance de Michel de Bourges (1797-1853). Il est avocat et elle veut se séparer de son mari pour reprendre possession de ses biens (dont le domaine de Nohant) que celui-ci continue de gérer. Michel de Bourges est en outre un fervent républicain et sera élu député. Si l'homme lui plaît, l'avocat l'aide à mettre un terme à son mariage, ce qui sera fait en 1836. Sand, à partir de là, partage sa vie entre Nohant, où ses amis (Balzac, Chopin, Listz et Marie d'Agoult, et bien d'autres) ne manqueront jamais de lui rendre visite et Paris où elle continue de se rendre régulièrement et de publier tout aussi régulièrement. Par ailleurs, ses engagements politiques se précisent et elle se rapproche des idées socialistes, qu'elle défend aussi bien dans ses romans que dans ses articles de presse jusqu'à fonder avec Louis Blanc, Pierre Leroux et Louis Viardot, en 1841, une revue, La Revue indépendante.
C'est au cours des années 1840 que Sand produit les
oeuvres qui ont
ensuite été classées comme romans champêtres, parce qu'ils
ont le plus
souvent pour cadre le Berry et qu'ils rapportent aussi
des
traditions paysannes en voie déjà d'extinction. Inutile de
dire que ces
romans offrent bien davantage, en particulier un jeu
stylistique qui
cisèle dans les phrases, souvent "oralisées", des termes
empruntés aux
vocabulaires régionaux, créant ainsi une langue poétique
qui est le
charme particulier de ces petits romans (petits par la
taille, cela va
de soi).
En 1848, les journées de février voient Sand aux côtés de ses amis politiques aussi bien que littéraires : Hugo, Lamartine, Dumas en sont, aussi bien que Michel de Bourges, Ledru-Rollin, Louis Blanc et bien d'autres. Journées d'enthousiasme qui ne dureront que jusqu'aux mois de mai et juin et à la répression qui mettra fin au rêve de la République sociale. Pendant ces trois mois d'enthousiasme, Sand fonde un journal qui ne connaîtra que trois numéros, La Cause du peuple. A la fin juin, elle quitte Paris, se retire à Nohant, découragée et bien décidée à ne plus faire de politique, du moins directement sur le terrain. Mais la vie continue. Sand rencontre Alexandre Manceau en 1850, qui sera son compagnon jusqu'à ce qu'il meure de tuberculose, en 1865. Ses enfants se marient, Solange a épousé le sculpteur Clésinger en 1847. Ses relations avec sa mère sont difficiles, mais elles ne seront pas plus simples avec son mari, qu'elle finit par quitter en 1852. Maurice qui adopté le nom de sa mère, se mariera, lui, en 1861. Après 1857, elle fait la connaissance de Flaubert et une amitié se noue entre le jeune écrivain et la grande dame des lettres françaises, entre la romantique et celui qui, en apparence, pourfend le romantisme. Et Sand écrit, la nuit dit-elle, le jour étant consacré à la propriété, aux invités souvent nombreux. Elle est une puissance intellectuelle reconnue, ce qui lui permet de s'entremettre pour protéger ses amis lors du coup d'Etat de Louis Napoléon en 1852 ; elle continue de défendre ses idées, d'apparaître sur tous les fronts littéraires : l'édition, le théâtre, la presse. Lorsqu'elle s'éteint, en 1876, elle est sans doute, avec Hugo, l'écrivain français le plus célèbre dans le monde. Seule femme admise aux dîners Magny qui réunissaient Flaubert, Les Goncourt, Sainte-Beuve, Taine, Gautier, elle est respectée de ses confrères et haïe à la mesure de l'admiration qu'elle suscite. Baudelaire en dit pis que pendre, quant à Jules Renard dans son Journal, il est tout particulièrement insultant. Elle laisse un roman inachevé, Albine. |
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Caricature de 1848 : Ledru-Rollin accède au gouvernement mais c'est George Sand derrière lui qui tient le porte-feuille, symbole de ses fonctions. Derrière elle, des femmes. |
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Photographie de Félix Nadar , vers 1860
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A écouter : des textes de George Sand en littérature-audio à télécharger gratuitement. Concordance des temps (France culture, 7 décembre 2013) : entretien entre Jean-Noël Jeanneney et Michèle Perrot.
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