La Comédie humaine,  Balzac

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A propos de Balzac, ce site contient
: 1. Biographie de l'écrivain - 2. Une lecture de L'Interdiction - 3. Une présentation de La Muse du département4. Extraits de La Muse du département - 5. Une présentation de La Peau de Chagrin. - 6. Une présentation de La Maison du Chat-qui-pelote - 7. Une présentation du Bal de Sceaux - 8. Une présentation de La Vendetta - 9. Une présentation de La Bourse - 10. Lire Le Curé de village - 11. La Fille aux yeux d'or - 12. Illusions perdues -




Dès qu'il commence à écrire, Balzac a une vision "totalisante" de l'oeuvre qu'il voudrait construire. Au départ, il envisage une série de romans historiques qui constitueraient une Histoire de France pittoresque. L'idée court en 1829 et il la prêtera au personnage de Lucien de Rubempré dans Illusions perdues (1837). Dès 1830, il publie ses romans sous le surtitre de Scènes de la vie privée.
C'est donc progressivement que se construit un projet qui s'affine et se complexifie entre 1830 et 1840, en même temps qu'il écrit et publie, à un rythme intense. En 1833-1834, il envisage, comme il le relate dans une lettre du 26 octobre 1834, à Eve Hanska, avec laquelle il correspond depuis mai 1832, un grand ensemble pour lequel il va trouver un principe unificateur : le retour des personnages, mis en application dans Le Père Goriot (1835) où Rastignac et Bianchon, dont le roman va évoquer la jeunesse, sont des personnages déjà connus de ses lecteurs. Mais, sa soeur, Laure de Surville, fait remonter cette idée à 1833.






[...]
      Je crois qu'en 1838 les trois parties de cette oeuvre gigantesque seront, sinon parachevées, du moins superposées, et qu'on pourra juger de la masse.
      Les Etudes de moeurs  représenteront tous les effets sociaux sans que ni une situation de la vie, ni une physionomie, ni un caractère d'homme ou de femme, ni une manière de vivre, ni une profession, ni une zone sociale, ni un pays français, ni quoi que ce soit de l'enfance, de la vieillesse, de l'âge mûr, de la politique, de la justice, de la guerre, ait été oublié.
     Cela posé, l'histoire du coeur humain tracée fil à fil, l'histoire sociale faite dans toutes ses parties, voilà la base. Ce ne seront pas des faits imaginaires : ce sera ce qui se passe partout.
     Alors la seconde assise est les Etudes philosophiques, car après les effets viendront les causes. Je vous aurai peint dans les Etudes de moeurs les sentiments et leur jeu, la vie et son allure. Dans les Etudes philosophiques, je dirai pourquoi les sentiments, sur quoi la vie; quelle est la partie, quelles sont les conditions au-delà desquelles ni la société, ni l'homme n'existent ; et, après l'avoir parcourue (la société), pour la décrire, je la parcourrai pour la juger. Aussi dans les Etudes de moeurs sont les individualités typisées, dans les Etudes philosophiques sont les types individualisés. Ainsi, partout, j'aurai donné la vie : au type, en l'individualisant ; à l'individu, en le typisant. J'aurai donné de la pensée au fragment; j'aurai donné à la pensée la vie de l'individu.
     Puis, après les effets et les causes, viendront les Etudes analytiques dont fait partie la Physiologie du mariage, car après les effets et les causes doivent se rechercher les principes. Les moeurs sont le spectacle, les causes sont les coulisses et les machines. Les principes, c'est l'auteur; mais, à mesure que l'oeuvre gagne en spirale les hauteurs de la pensée, elle se resserre et se condense. S'il faut vingt-quatre volumes pour les Etudes de moeurs, il n'en faudra que quinze pour les Etudes philosophiques ; il n'en faut que neuf pour les Etudes analytiques. Ainsi, l'homme, la société, l'humanité seront décrites, jugées, analysées sans répétitions, et dans une oeuvre qui sera comme les Mille et une nuits de l'Occident.

Extrait de la lettre à Eve Hanska, 26 octobre 1834



placard publicitaire pour "La Comédie humaine"

Placard publicitaire pour le lancement de l'édition Furne (en réalité Furne est associé dans l'entreprise à trois autres éditeurs: Hetzel, Dubochet et Paulin). Balzac a signé un contrat en 1841 qui l'engage pour huit ans.









ce n'est que bien plus tard, dans une lettre à Hetzel de 1839, puis dans un contrat éditorial de 1841, qu'apparaît le titre : La Comédie humaine. Il est à remarquer, toutefois, que dès la lettre à Eve Hanska, la métaphore du théâtre servait déjà d'explication au projet. Une fois de plus, un écrivain s'empare de la vieille métaphore du theatrum mundi, le théâtre du monde. Il n'est ni le premier, ni le dernier, mais il va lui donner des résonances toutes personnelles qui l'éloignent des connotations religieuses qu'elle véhiculait depuis son appropriation par les Pères de l'Eglise, Augustin d'Hippone (IVe-Ve siècle) en particulier.
Mais bien sûr, le titre fait écho avec celui du grand poème de Dante, La Divine Comédie (lequel titre ne renvoyait pas exactement à la divinité, mais saluait le caractère extraordinaire de l'oeuvre de Dante, dont le titre était simplement "Comédie" avant que Boccace, dans son admiration, ne le transforme). La littérature, d'ailleurs, à travers à la fois les écrivains passés, mais aussi ses contemporains, lui sert souvent de guide pour s'aventurer dans les divers cercles de la société que ses romans explorent, lesquels par ailleurs, ne sont guère éloignés des cercles de l'enfer du poète florentin, et Paris comme enfer est une métaphore récurrente dans l'ensemble.
En 1842, lors de la sortie du premier volume de l'édition Furne, il rédige une préface (un avant-propos), sur les instances de son éditeur, dans laquelle il reprend et développe le projet soumis à Mme Hanska, en 1834. Il y place son oeuvre sous le double parrainage de Walter Scott et de Buffon (via Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire). Un romancier et un naturaliste. "Cette idée [celle de l'oeuvre] vint d'une comparaison entre l'Humanité et l'Animalité." écrit-il au début de la préface. Entendons, comme les théories de Geoffroy Saint-Hilaire prônant l'unité du vivant et la différenciation redevable au milieu pour les espèces animales, Balzac va interpréter la société comme une série de milieux naturels provoquant la différenciation des "espèces" chez les humains. Mais comme Cuvier aussi, un seul élément lui permettra de reconstruire l'ensemble auquel il appartient. Ce qui rejoint la lecture qu'il fait de Scott. Ce dernier a élevé le roman "à la valeur philosophique de l'histoire". Des détails accumulés surgira la compréhension des causes et des principes. Tout est racontable, dit Scott. Tout est explicable dit Cuvier. C'est en quelque sorte la double formule de la Comédie humaine.
Au fur et à mesure des rééditions, Balzac corrige ses textes pour y insérer ses personnages auxquels ces retours confèrent une présence d'autant plus forte que, pour un grand nombre, ces diverses apparitions construisent une biographie, et il tend à supprimer les références aux personnages historiques, quand c'est possible, en leur donnant des équivalents romanesques.

Le Catalogue

En 1845, Balzac établit un catalogue de ses oeuvres en 26 volumes. La division de 1834, en trois sections, reste valide. La première section, la plus développée, parce qu'occupée du détail, est divisée en six livres composés de scènes : 1. de la vie privée ; 2. de la vie de province ; 3. de la vie parisienne ; 4. de la vie politique ; 5. de la vie militaire ; 6. de la vie de campagne.
Les autres sections n'étaient pas divisées en livres, l'ensemble étant, par principe, déséquilibré. La première section devait, en effet, "peindre les deux ou trois mille figures saillantes d'une époque [...] Ce nombre de figures, de caractères, cette multitude d'existences exigeaient des cadres...".
La deuxième devait se charger d'expliquer les causes de tous ces effets, cause unique : "les ravages de la pensée". Ainsi écrit-il dans Les Martyrs ignorés (publié en 1837) : "La vie est un feu qu'il faut couvrir de cendres. Penser [...] c'est ajouter de la flamme au feu. [...] Savez-vous ce que j'entends par penser ? Les passions, les vices, les occupations extrêmes, les douleurs, les plaisirs sont des torrents de pensées." (Pléiade, tome XII, p. 744)
Les Etudes analytiques, enfin, se proposaient d'examiner le principe de cette cause. C'est la partie la plus réduite de l'édifice, mais sans aucun doute, dans l'esprit de de Balzac, son couronnement. Dans ce projet philosophique après la physique et la morale, la métaphysique. 
L'ensemble de l'oeuvre opère une balyage chronologique qui pour 1/5 concerne l'avant 1789 et pour le reste s'échelonne de 1800 à 1846. Le temps de l'oeuvre rattrape le temps de l'histoire. La Cousine Bette (1846) et Le Cousin Pons (1847) voyant concorder temps de l'histoire et temps de l'écriture.
L'intérêt du catalogue ne se borne pas à mettre à jour la construction de l'ensemble et les ambitions de Balzac. Il démontre aussi les limites du volontarisme en matière de création. Deux parties sont restées à l'état de projet (oeuvres prévues et non écrites) : les Scènes de la vie militaire comportent 26 titres, dont deux seulement ont été écrits, le premier en 1829, l'autre en 1837. Les Etudes analytiques annonçaient 5 oeuvres, une seule existe. Pathologie de la vie sociale n'a pas été composé, même si nous savons que certains articles déjà écrits devaient y figurer. Les Scènes de la vie politique ne contiennent que quatre titres sur les huit prévus. Pour les Etudes philosophiques (II), et les Etudes de moeurs (I) l'essentiel est déjà écrit en 1845.
Mais si Balzac n'écrit pas ce qu'il avait prévu, il n'en écrit pas moins. Excepté Petites misères de la vie conjugale qui rejoint les Etudes analytiques, les autres textes, Un homme d'affaire, La Cousine Bette (1846) et Le Cousin Pons (1847) vont enrichir les Etudes de moeurs.



L'organisation des textes suit ici celle de Pierre-Georges Castex pour l'édition de la Pléiade, qui elle-même est conforme à la 5e édition de La Comédie humaine publiée par Furne.
Les oeuvres y sont placées dans l'ordre de leur succession éditoriale (avec, entre tirets, la date de la première édition) dans chacune des sections qui composent les trois grandes parties de La Comédie humaine. On peut noter ainsi que l'organisation n'est pas chronologique, qu'elle relève donc d'un projet défini, d'une volonté démonstrative de la part de Balzac.
Il ne faut pas oublier non plus qu'entre l'édition en feuilleton (préoriginale) et les publications en librairie, Balzac retouche souvent ses textes de manière considérable et qu'il fait de même pour les éditions suivantes. Pour voir comment travaille Balzac, aller sur le site de la BnF (expositions virtuelles) pour découvrir la rédaction et la composition de La Femme supérieure. Par ailleurs, la majorité des textes passent par la presse : quand ce n'est pas en feuilleton, c'est en publication dans des revues en une ou plusieurs livraisons.
A l'intérieur même des sections, certains récits sont regroupés ainsi de Pierrette, Le curé de Tours et La Rabouilleuse réunis sous le titre "Les Célibataires" ; L'Illustre Gaudissart et La Muse du département sous le titre "Les Parisiens en province" ;  La Vieille fille et Le Cabinet des antiques sous le titre "Les Rivalités".
De même Ferragus, La Duchesse de Langeais et La Fille aux yeux d'or sont regroupés sous le titre "Histoire des treize".
La Cousine Bette et Le Cousin Pons sont rapprochés sous le titre "Les Parents pauvres".



I.  ETUDES  DE  MOEURS


1. scènes de la vie privée 2. scènes de la vie de province 3. scènes de la vie parisienne 4. scènes de la vie politique 5. scènes de la vie  militaire 6. scènes de la vie de campagne

La Maison du Chat- qui -pelote   (sous le titre "Gloire et malheur") -1830- Ursule Mirouët - 1841, en feuilleton. Ferragus - 1833, en feuilleton. Un Episode sous la terreur  - 1839- Les Chouans -1829, sous le titre "Le Dernier des chouans" Les Paysans -1844, en feuilleton, inachevé / publication posthume, 1855


Le Bal de Sceaux -1830- Eugénie Grandet - 1833- La Duchesse de Langeais -1833, en feuilleton, sous le titre "Ne touchez pas à la hache". Une ténébreuse affaire - 1841, en feuilleton. Une passion dans le désert -1837- Le Médecin de campagne -1833-

Mémoires de deux jeunes mariées -1841, en feuilleton. Pierrette -1840, en feuillleton. La Fille aux yeux d'or -1835, a porté un temps le titre de "La Fille aux yeux rouges". Le député d'Arcis - 1847, en feuilleton.   Le Curé de village - 1839, en feuilleton, de trois séries.
1841 : publication en volume


La Bourse -1832- Le Curé de Tours - 1832, sous le titre "Les Célibataires" Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau - 1837- Z. Marcas - 1840   Le Lys dans la vallée - 1835


Modeste Mignon -1844, en feuilleton. La Rabouilleuse - 1841 et 42 en feuilleton. La Maison Nucingen - 1838 -      


Un début dans la vie -1844- L'Illustre Gaudissart - 1833- Splendeurs et misères des courtisanes - 1845 (mais des parties en sont publiées dès 1843)      


Albert Savarus -1842- La Muse du département -1843, en feuilleton. Les secrets de la princesse de Cadignan - 1839, en feuilleton.      


La Vendetta -1830- La Vieille fille - 1836, en feuilleton. Facino Cane - 1836 -      


Une double famille -1830,  d'abord intitulé "La femme vertueuse". Le Cabinet des antiques - 1839, en feuilleton. Sarrasine - 1830      


La paix du ménage -1830 Illusions perdues - 1837-1843 Pierre Grassou - 1839-      


Madame Firmiani -1832-   La Cousine Bette  -1846, en feuilleton.      


Etude de femme -1831-   Le Cousin Pons - 1847, en feuilleton.      


La Fausse maîtresse -1841, en feuilleton.   Un homme d'affaires -1846-      


Une fille d'Eve -1838/39, en feuilleton.   Un prince de la bohème -1844-      


Le Message - 1832-   Gaudissart II  -1844-      


La Grenadière -1833-   Les Employés  - 1837, en feuilleton, sous le titre "La Femme supérieure"      


La Femme abandonnée -1833-   Les Comédiens sans le savoir -1846, en feuilleton.      


Honorine - 1843, en feuilleton.   Les Petits bourgeois - inachevé, publication posthume, 1850.      


Beatrix - 1839-   L'envers de l'histoire contemporaine: I. Madame de la Chanterie - 1842 sous le titre "Les Méchancetés d'un saint".      


Gobseck - 1830, d'abord intitulé "L'Usurier".   L'Envers de l'histoire contemporaine: II. L'initié - 1846.      


La Femme de trente ans - 1830/32, en feuilleton.          


Le Père Goriot -1834, en feuilleton.          


Le Colonel Chabert - 1832, sous le titre "La Transaction"          


La Messe de l'athée - 1836-          


L'interdicton - 1836-          


Le Contrat de mariage -1835-          


Autre étude de femme         - 1832-          




II. ETUDES PHILOSOPHIQUES

La Peau de chagrin - 1831-
Jésus-Christ en Flandre - 1831-
Melmoth réconcilié - 1835-
Le Chef-d'oeuvre inconnu - 1831-
Gambara - 1838-
Massimilla Doni -1837-
La Recherche de l'absolu -1834-
L'Enfant maudit -1831 -  (pour en lire un extrait)
Adieu - 1832-
Les Marana - 1832/33-
Le Réquisitionnaire - 1831-
El Verdugo - 1831-
Un drame au bord de la mer - 1834 -
Maître Cornélius - 1832-
L'Auberge rouge - 1831, en feuilleton.
Sur Catherine de Médicis -1830-
L'Elixir de longue vie - 1830-
Préface du "Livre mystique" (ce nom désigne les trois oeuvres qui suivent) - 1835-
Les Proscrits - 1831-
Louis Lambert -1832, sous le titre "Notice biographique sur Louis Lambert"
Séraphîta - 1835-

III. ETUDES ANALYTIQUES

Physiologie du mariage - 1829-
Petites misères de la vie conjugale - 1846 (mais constitué de divers apports dont les plus anciens datent de 1830)
Pathologie de la vie sociale (Traité de la vie élégante - 5 articles, 1830-, Théorie de la démarche - 4 articles, 1833 -, Traité des excitants modernes - 1839)




A consulter
: pour tout savoir sur Balzac, La Comédie humaine et la recherche : le  Groupe international de recherches balzaciennes.
A découvrir et écouter : une nuit de France Culture ( 7/5/2017) consacrée à Balzac.



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