24 juillet 1802 : Alexandre Dumas
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A propos de Dumas, ce site contient : 1.Une présentation des Trois mousquetaires - 2. Une présentation du Comte de Monte-Cristo - 3. Le Meneur de loups - 4. Notes pour la lecture des Mohicans de Paris - 5. Une présentation d'Antony |
J'aime Dumas, parce qu'un jour
j'ai découvert dans La Comtesse de
Charny
(1856) que cet amuseur, ce fantaisiste, ce raconteur d'histoires, avait
été capable en plein second empire, d'insérer dans
ce roman, au chapitre LV, la déclaration intégrale des
droits de l'homme, celle de 1789, dont l'article II affirme comme un
droit imprescriptible "la résistance à l'oppression": "Le
but de toute association politique est la conservation des droits
naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont : la
liberté, la propriété, la sûreté et
la résistance à l'oppression." C'était, disons-le, ne pas manquer de culot!
Vialatte rapporte dans une de ses Chroniques
(6 décembre 1951) qu'il répondait à ceux qui le raillaient d'être
mulâtre :" Oui, monsieur, mon père était mulâtre, mon grand-père était
nègre, mon arrière-grand-père était singe. Vous voyez que ma famille
commence où la vôtre finit."
Je n'ai plus jamais lu Dumas de la même manière,
même si je continue à lui demander aussi de
m'amuser, avec son sens de l'aventure et des rebondisements, ses
dialogues qui tirent à la ligne de manière si drôle
(la discussion sur le jardinage, dans Les
Mohicans de Paris, restant pour moi le modèle du genre), son
inventivité, sa "mauvaise foi", son humour.Il reste que cet autre Dumas, capable aussi, en 1857, d'exiger de La Comédie française le retrait de deux de ses pièces parce que l'actrice, Augustine Brohan, s'était permis d'attaquer Hugo exilé dans les pages du Figaro, est celui auquel je rends ici hommage. |
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Dessin d'Achille Devéria, en 1829 (Dumas a alors 27 ans et sa
première pièce, Henri III et sa cour,
jouée par la Comédie française, vient de le rendre
célèbre. Ce portrait paraît dans la revue L'Artiste.)
Dans Les Morts vont vite (1861), rendant hommage à Dévéria, Dumas conte que le directeur de L'Artiste le traîna chez le peintre le lendemain de la première de la pièce, où il se passe ceci : " — Mettez-vous là comme vous l'entendrez, me dit-il en me montrant un canapé ; surtout, ne posez pas. Je me jetai à moitié couché sur le canapé ; j'étais à la fois vif et indolent, homme de paresse et homme d'action, créole et européen. — oh ! parlez, parlez, me dit-il. Nous causâmes." |
C'est à Villers-Cotterêts (à 84 km au nord de Paris, proche de Compiègne) que naît le futur écrivain. Son père, comme celui de Hugo, qui naît la même année mais à Grenoble, est général de l'armée impériale. Celui-ci annonce ainsi sa naissance à son ami Brune, un autre général : "Je t'annonce avec joie que ma femme est accouchée hier matin d'un gros garçon qui pèse neuf livres et qui a dix-huit pouces de long. Tu vois que, s'il continue à grandir à l'extérieur comme il l'a fait à l'intérieur, il promet d'atteindre une assez belle taille." Pour notre bonheur de lecteurs, c'est ce qu'il a fait. Orphelin à 4 ans, il a à peine eu le temps de connaître ce père auquel il consacrera une bonne partie de ses Mémoires. En 1816, il devient clerc de notaire, vie peu faite pour satisfaire qui aspire à écrire. Aussi finit-il par aller à Paris, comme tout provincial ambitieux. Il entre dans les bureaux du duc d'Orléans (le futur roi Louis-Philippe), en 1823, sur la recommandation du général Foy qui fut l'ami de son père et est député de l'Aisne et de M. Deviolaine ; il ne s'active guère en tant qu'employé, mais beaucoup en tant que futur écrivain : lectures boulimiques et écrits en tous genres. En 1829, sa pièce, Henri III et sa cour, est reçue à la Comédie française et jouée avec éclat. Elle sonne le début de la grande offensive romantique qui s'achèvera sur la victoire de la jeunesse et du mouvement qu'elle porte, le romantisme, en 1830 avec Hernani de Hugo. Elle rapporte, en attendant, la notoriété à Dumas, des amitiés (Delacroix, Nodier, Hugo) et un poste de bibliothécaire chez le duc d'Orléans, plus conforme à ses désirs. Il continue donc d'écrire pour le théâtre, genre qui assoie les réputations littéraires alors, avec plus ou moins de succès. En 1833, nouveau succès : Antony. Et cette fois-ci, Dumas devient le dramaturge que veulent monter tous les directeurs de théâtre. L'histoire le passionne, comme elle passionne ses contemporains et dès 1833, il rédige des récits qui deviendront les Chroniques de France (1839). Une grande partie de son oeuvre en est plus qu'inspirée, irriguée. Et là, où pendant longtemps, on n'a lu que récits divertissants, souvent convertis d'ailleurs en romans pour jeunes lecteurs, le XXe siècle a redécouvert progressivement la dimension réflexive, mais aussi didactique, de cette "histoire de France" bien particulière. Dumas qui aimait aussi à rire, ne disait-il pas : "Qu'importe de violer l'Histoire, pourvu qu'on lui fasse de beaux enfants !" à ceux qui critiquaient la façon parfois bien cavalière dont il retraçait les faits et les personnages historiques. Il reste que l'imaginaire de plusieurs générations de Français a travaillé davantage avec les romans historiques de Dumas qu'avec les leçons apprises à l'école. Au cours de sa vie, il semble que Dumas ait tout fait : voyagé avec passion, de l'Algérie jusqu'à la Russie, alimentant les journaux de ses Impressions de voyage (dès 1836) ; navigué avec bonheur (sur son yacht l'Emma ne rejoint-il pas Garibaldi en 1860, en Sicile, trafiquant d'armes par amitié ?) ; dirigé des journaux (Le Mousquetaire de 1853 à 1857, puis le Monte-Cristo, de 1857 à 1860 ; à Naples où il a suivi Garibaldi, il fonde L'Indépendant) et collaboré à beaucoup d'autres ; réalisé son rêve, même si cela n'a duré que fort peu de temps: diriger un théâtre, d'abord celui de la Renaissance, en 1836, puis celui du Théâtre historique en 1848. Mais si la passion habite l'écrivain, la passion, l'enthousiasme, le goût de vivre, la comptabilité n'est pas exactement son fort. Dumas a souvent connu la faillite, les poursuites de créanciers, à l'instar de Balzac. |
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Il a été un ami fidèle et sûr, et de toutes ses valeurs, l'amitié est sans aucun doute celle qu'il place le plus haut ; les personnages de ses romans en témoignent tout autant que le recueil d'articles publié en 1861 sous le titre Les Morts vont vite, d'une phrase empruntée à Leonore, balade de Bürger (1747-1794) traduite de l'allemand par Nerval en 1829 et dont Ary Scheffer fait un tableau en 1830. Mais il a aussi été un amoureux impénitent, toujours entouré de femmes, une légitime (Ida Ferrier, une actrice connue en 1831 qu'il a épousé en 1840 et dont il se sépare en 1844), beaucoup d'illégitimes (ses maîtresses ont été nombreuses), les amies d'un jour et celles de plus longtemps. Dumas a aussi deux enfants reconnus: Alexandre, né en 1824 (raison pour laquelle le premier est nommé Alexandre Dumas père, et le second Alexandre Dumas fils, puisqu'il est lui aussi écrivain) et Marie, née en 1831, plus quelques autres sans doute. Ecrivain prolifique pour notre plus grand bonheur, car il reste toujours un Dumas à découvrir quand on croit avoir tout lu. Ces dernières années ont vu surgir des mises en doute sur la paternité des oeuvres. Trop de collaborateurs... Mais les dits "collaborateurs" quand ils ont fait oeuvre solitaire n'ont guère produit de littérature mémorable. Il y a une touche Dumas que l'on reconnaît dès les premières pages et qui vous entraîne au galop dans les univers les plus fous où les invraisemblances, les à-peu-près, voire les anachronismes (par exemple les maisons du Paris des trois mousquetaires numérotées alors qu'il s'en faut d'un siècle pour cela) redoublent notre plaisir. |
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L'oeuvre de Dumas est considérable, nous en retiendrons : au théâtre : - Antony, 1831 dans les romans : - le "cycle des Valois" : Henri III et sa cour (drame en cinq actes, 1829), La Reine Margot (1844-45), La Dame de Monsoreau (1845-46), Les Quarante-cinq (1847), L'Horoscope (1858). - le cycle des mousquetaires : Les Trois mousquetaires (1844, paru en feuilleton dans Le Siècle), Vingt ans après (1845, en feuilleton dans Le Siècle), Le Vicomte de Bragelonne (1850, feuilleton dans Le Siècle). - le cycle de la Révolution française rassemblé sous le titre général de Mémoires d'un médecin : Joseph Balsamo (1845-1848, feuilleton dans La Presse), Le Collier de la reine (1848, feuilleton dans La Presse), Ange Pitou (1851, feuilleton dans La Presse), La Comtesse de Charny (1856), Le Chevalier de Maison-Rouge (1845, feuilleton dans Démocratie pacifique). - Le Comte de Monte-Cristo - Le Meneur de loups (1857) - Les Mohicans de Paris (1854-1859) |
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Photographie de Nadar dans les
années 1860.
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Le photographe Nadar dans "Contemporains de Nadar", article paru dans Le Journal amusant du 23 octobre 1858, le décrit ainsi : "Six pieds tout à l'heure, en buste moins qu'en jambes. Elles sont d'un dessin merveilleux, et il aime les montrer. Un cou de proconsul. Un teint bistré clair. Le nez fin. L'oreille microscopique. L'oeil bleu. Les lèvres lippues à la mode de Mésopotamie, pleines de méandres. Dans cet ensemble, une irridiation magnétique, des effluves irrésistibles de bienveillance et de cordialité. Passionné par tempérament, rusé par instinct, courageux par vanité, bon de coeur, faible de raison, imprévoyant de caractère [...] Superstitieux quand il pense, religieux quand il écrit, sceptique quand il parle. Nègre d'origine et français de naissance, il est léger même dans ses plus fougueuses ardeurs. L'être le moins logicien qui soit, le plus antimuscial que je connaisse (comme tous les êtres qui font des vers : Hugo, Gautier, de Banville). Menteur en sa qualité de voyageur, avide en sa qualité d'artiste, généreux comme un poète. Trop libéral en amitié, trop despote en amour ; vain comme une femme, ferme comme un homme, égoïste comme un dieu![...] Franc avec indiscrétion, obligeant sans discernement, oublieux jusqu'à l'insouciance, vagabond de coeur et d'âme, cosmopolite par goût, révolutionnaire par occasion, libéral toujours, riche en illusion et en caprice, pauvre de sagesse et d'expérience, gai d'esprit, médisant de langage, spirituel d'à-propos : Don Juan la nuit, Alcibiade le jour (il a son chien), véritable Protée, échappant à tous et à lui-même ; aussi aimable par ses défauts que par ses qualités, plus séduisant par ses vices que par ses vertus. Voilà Dumas tel qu'on l'aime ou tel qu'il me paraît, car obligé de l'évoquer pour le peindre, je n'ose affirmer qu'en face du fantôme qui pose devant moi, je ne sois pas sous quelque charme magique ou magnétique influence." |
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A lire : un roman policier d'Arturo Perez-Reverte, Le Club Dumas dans lequel l'auteur s'est amusé avec les personnages de Dumas et bien sûr aussi le fanatisme de ses lecteurs.
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