DRAGONS : Dracurella, Julio Ribera, 1979

coquillage




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Ribera, 1979

Extrait du Fils de Dracurella, 1979


Julio Ribera (1927-2018) était un dessinateur espagnol, installé en France à partir de 1954.
En 1973, il crée le personnage de Dracurella.
Ce personnage, une ravissante créature vêtue d'une robe très courte à la limite du haillon, est la fille adoptive de Dracula, mais au lieu de se comporter en vampire bien élevée, elle ne rêve que cuisine aménagée, télévision et rideaux à fleurs.
Tous les personnages qui l'entourent viennent des récits fantastiques du XIXe siècle, en particulier la créature de Frankenstein, ou des contes (le dragon, la marâtre de Blanche Neige) ; récits relayés par le cinéma au XXe siècle.
Dans Le Fils de Dracurella (1979) dont sont extraites ces vignettes, Dracurella vit dans une caverne en compagnie de Gri-Grill, un dragon à qui mille misères sont arrivées : sa queue a été tranchée d'un coup d'épée et il a bu une potion qui l'a fait rapetisser. Ces événements ont eu des conséquences désastreuses sur le moral de Gri-Grill qui a perdu toute confiance en lui : "Et il passe son temps à couver un  ENORME complexe d'infériorité" dit Dracurella.
Ici, il s'efforce, sans y parvenir, d'allumer une bougie en crachant du feu.

Le dragon cesse tout à fait de faire peur et devient un personnage comique. Dans le même temps, ses soucis provoquent l'empathie du lecteur




Le comique naît à la fois du dessin du personnage, en particulier de sa queue coupée, de son long cou, de la sorte de chevelure qui couronne son crâne, mais aussi des postures et comportements humains du personnage : s'écrouler par terre de désespoir et broyer des idées noires (littéralement inscrites dans la bulle), être assis sur un divan et grignoter des gâteaux en regardant un feuilleton à la télévision (ce que la réplique inscrite dans la bulle dénonce comme ce que l'on peut imaginer de plus convenu, de plus mièvre, donc de moins adapté à l'idée que l'on se fait du dragon à partir des traditions littéraires). Il est renforcé par le contraste entre les éléments empruntés au monde humain : chaise et bougie, divan et tasse de thé (laquelle d'ailleurs contient une tisane, boisson que les idées reçues associent plus volontiers à l'image des vieilles dames), et ceux qui dénotent l'antre du dragon, les crânes sur lesquels Gri-Gril s'effondre de chagrin, les ossements qui bordent le tapis, la voussure de la caverne que masque à demi le rideau.
C'est, en somme, une nouvelle version de la Belle et la Bête.
le fils de Dracurella, 1979


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